19-22/03/18

Après la fournaise des temples d’Angkor, nous prenons la route du nord et nous dirigeons vers le Laos. La compagnie Asian Van Transfer a très bonne réputation (ce qui est loin d’être toujours le cas au Cambodge). Aussi nous lançons nous dans cette journée de 8h de route avec eux. Au total, pour nous rendre dans ces petites îles situées au milieu des rapides du Mékong, sur la frontière Cambodge-Laos, nous prenons 3 mini-bus différents, passons la frontière à pied côté Cambodge / tampon / fee « officiel » de 2 USD, traversée du no-man’s-land, établissement du visa côté Lao (30USD), tampon et re bakchich de 2 USD. Nous payons sans sourciller, n’ayant pas envie de jouer au plus bête avec ces frais dont personne ne sait s’ils sont vraiment officiels ou vraiment de la corruption et finissons en bateau pour traverser partiellement le Mékong.

Nous sommes en bonne compagnie dans le bus, entre Olivier et Azota (un couple Suisse), Anaïs et Anaïs (dont une externe en médecine !) et Léo (tout juste 18 ans, diplôme d’horloger en poche et inscrit en bac pro de photographie pour devenir reporter de guerre), et malgré l’un des 3 minibus tout juste confortable, le trajet passe vite. Nous déjeunons d’un plat de riz frit un peu avant la frontière.

Nous prenons nos quartiers au Somphamit guesthouse juste à temps pour admirer le coucher de soleil du balcon, puis faisons connaissance avec la cuisine Lao : le Laap, sorte de salade de viande et d’herbes, mangée avec du riz gluant. Une carte sim plus loin, le sommeil nous fauche. La partie Laotienne de notre voyage semble bien partie pour se placer sous le signe du repos : il est à peine 21h30.

Réveillés à l’aube par le passage des bateaux de pêche, nous nous mettons en route pour notre première activité Laotienne : sortie Kayak. A 8h30 nous prenons le petit-déjeuner en compagnie de nos amis suisses de la veille, et à 9h30 nous voici sur l’eau, descendant tranquillement le Mékong en slalomant entre les petites îles. Je ne sais pas s’il y en a 4000 mais elles sont nombreuses. Une bonne heure après, nous posons les bateaux et marchons une petite demi-heure dans les rizières (malheureusement à sec et fauchées) pour aller admirer la cascade de « It Uth » et nous rafraichir en nous plongeant dans l’eau en bas des rochers. Après cette douche tonifiante, nous reprenons la route jusqu’à une petite plage où nous retrouvons nos Kayaks, convoyés par l’équipe d’encadrement (qui sont géniaux : sympa, serviables et souriants. Mention spéciale pour Sam, notre guide facétieux).

C’est déjà l’heure du déjeuner, et en attendant le barbecue, nous faisons trempette dans le Mékong. Le bras où nous nous trouvons est assez étroit, peu profond mais assez rapide. Sans s’éloigner du bord, nous nous amusons à nous laisser porter de 20 m en amont à 20 m en aval de notre campement. Puis nous dévorons nos brochettes à belles dents, avant de remonter sur nos embarcations pour deux bonnes heures. Nous descendons encore le courant et surfons avec la frontière cambodgienne. C’est à cet endroit, où le Mékong s’élargit paresseusement, que nous pouvons apercevoir (ou plutôt deviner) quelques dauphins d’Irrawaddy,    des dauphins d’eau douce sans nez 😀 Ils sont peu nombreux et très timides donc nous les voyons juste passer un nez (façon de parler) de temps en temps.

Puis nous nous rendons en camion (avec les bateaux) admirer la cascade de Khong Phapheng. Ce sont les plus grosses chutes d’Asie du Sud Est par leur débit. Elles n’ont qu’une vingtaine de mètres de haut mais s’étalent sur 1 km. Elles ont tenu en échec les colons français, qui voyaient dans le Mékong une voie de commerce avec la Chine. Afin de les contourner, ils construisirent une ligne de chemin de fer de 12 km, traversant les deux îles principales (Don Khone, où nous longeons) et Don Det, juste en face. Aujourd’hui encore elles sont reliées par un pont de chemin de fer français en pierre tout ce qu’il y a de plus classique. Le concept était simple : décharger les bateaux sur des trains et en charger de nouveaux en amont. En sachant que les premières années, les bateaux étaient aussi du voyage, afin d’alimenter la flotille en amont. Le temps que ce système soit rodé, la route 13 (reliant Saigon à la Chine) a été ouverte et la ligne est tombée en désuétude. Tout ça pour dire que la cascade est impressionnante. Nous flânons sur le site puis prenons le chemin du retour. Une fois rentrés il ne nous reste plus qu’à traverser le Mékong en kayak pour rejoindre notre point de départ (puis à reprendre le bateau taxi pour regagner notre logement). Nous pagayons ferme lors de cette dernière traversée car le tonnerre gronde au loin et nous ne tenons pas à affronter un orage au milieu du fleuve. Finalement, il n’est jamais venu, ouf !

Une journée magnifique (accessoirement le cadeau d’anniversaire de Minh de la part de MC), ludique et sportive. Nous nous couchons fatigués mais heureux, après avoir mangé un bœuf aux noix de cajou (pour MC, avec beaucoup de ketchup dans la sauce… un peu écœurant) et un excellent pad tai pour Minh.

Le lendemain, vélo au programme. Après un petit déjeuner chez Fred et Lea (le resto voisin de notre guesthouse) à base de soupe de riz, nous louons (chez la voisine d’après) deux bolides de course. Nous entreprenons de faire le tour de Don Det (après avoir traversé le pont) et de Don Khone. Don Det est une petite île, assez touristique sur sa rive nord. Rizières et rangées de guesthouses se succèdent et la balade est jolie. Nous prenons en croupe (enfin surtout Minh) une italienne blessée au pied dont le tuktuk est tombé en panne sous nos yeux, puis nous nous extasions devant les couvées de poussins, les veaux, les chèvres, les canards… bref toute la ménagerie de la ferme que nous croisons sur notre route. Puis nous nous rendons à Don Khone et entreprenons de nous rendre auprès des chutes de Li Phi. Plus petites mais plus spectaculaires que celles de la veille, nous nous régalons. Une petite plage permet de se tremper, puis un petit resto avec quelques paillotes munies de hamacs nous tend les bras. Nous décidons de déjeuner (il est 15h au moins) d’un riz gluant à la mangue et d’un café. Puis le farniente nous saisit. Nous ré-enfourchons nos montures pour nous rendre à l’embarcadère sud (celui où les bateaux rencontraient les trains, pour ceux qui ont suivi) où nous apercevons une locomotive abandonnée (nous avons vu sa sœur au nord de l’île le matin même). La vue n’a pas d’intérêt majeur, si ce n’est que nous réalisons que nous sommes au niveau de l’endroit où nous avons admiré les dauphins la veille. Le chemin pour venir, lui, n’était pas triste. Il s’agit ni plus ni moins que d’un sentier dans la bambouseraie. Epique sur deux bicyclettes sans vitesse dotées d’un cadre « ville ».

Nous reprenons la route pour essayer de voir la dernière cascade avant le coucher du soleil (j’ai bien dit avant, pas au coucher du soleil. Pas question de rouler de nuit !). Malheureusement, deux ponts successifs sont effondrés et nous rebroussons chemin, suivi par deux compagnons d’infortune pas plus téméraires que nous (le sentier dans la bambouseraie de nuit c’est moins sympa, surtout quand il est mal tracé parce que le pont n’est pas tombé depuis longtemps).

Nous fonçons donc sur l’ancienne voie ferrée (qui n’en a que le tracé puisque tout a été démonté – notamment pour construire des ponts. Rassurant.) et ce qui devait arriver arriva : notre compagnon de route espagnol crève.

Devant l’heure (du coucher de soleil qui avance), nous n’écoutons que le bon cœur de Minh et faisons un arrangement triangulaire : Minh pousse le vélo accidenté, les deux partagent le vélo de MC (qui a un porte bagage rembourré) et MC ramène le vélo espagnol indemne. Tout cela jusqu’au pont, puisqu’ils habitent Don Det. Bon an mal an nous les ramenons à bon pont et chacun reprend sa route. Nous sommes même arrivés avant la nuit.

Nous dinons au restaurant « Our Kitchen » qu’il faut recommander : c’est délicieux. Pimenté, mais délicieux. Il n’y a que quelques plats à la carte, et la patronne se fait un plaisir de vous les expliquer. Mention spéciale pour la saucisse Lao maison, et pour le riz gluant noir (du riz complet). Un délice.

Nous avons adoré ces deux jours dans les îles du sud. Ca a l’air touristique, et en haute saison cela doit être bondé de routards, mais c’était assez calme pour nous. Peu de monde, beaucoup de voyageurs au long cours s’arrêtant sur le chemin vers ou depuis le Cambodge. Nous sommes charmés par ce que nous percevons du Laos : tranquille. Pas de stress, pas de pression commerciale de la part des Lao, qui ont peut-être un abord un peu froid mais qui ont l’air très gentils. Les enfants nous disent bonjour gentiment en nous croisant. La vie a l’air facile ici.

Prochaine étape : Champasak, pour la découverte du site Khmer (encore un) du Wat Phou.

La frontière Cambodge – Laos

Port de Nakasong, avant l’arrivée à Don Khone

Vue sur le Mékong

Tranquilles les buffles !

Hang Khon

Li Phi Waterfalls

Catégories : Récit du voyage

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