29/05 :

Nous nous levons très (trop) tôt pour avoir une heure d’avance à la gare et faisons une exception à nos habitudes des derniers jours : nous prenons un taxi au lieu des transports publics. A 6h du matin, nous avons envie de rentabiliser chaque minute.

Nous entrons dans la gare très motivés, mais notre enthousiasme retombe quand Minh doit abandonner son fidèle Laguiole, offert par son collègue, au contrôle de sécurité. Pas de lames de plus de 5 cm, pas d’exceptions, et nous sommes très très déçus. Pas de soucis pour l’Opinel d’MC.

Après une courte attente, nous prenons possession de notre compartiment. C’est un train comme dans les films, avec 4 couchettes par compartiment, un peu désuet et tout propre. Les compartiments sont spacieux et nous avons le notre pour nous tous seuls. Nous passons une superbe journée, à faire la sieste, lire, et surtout regarder défiler sous nos yeux une variété immense de paysages différents. Après avoir quitté Pékin, nous traversons une région de montagnes, avec des dizaines de tunnels, puis le paysage se fait de plus en plus aride jusqu’à Erlian, située en plein désert de Gobi, à la frontière avec la Mongolie.

Pékin-Erlian : le luxe !

Lire, manger, regarder le paysage… trop dur !

Nous arrivons à Erlian au crépuscule et trouvons une chambre dans un hôtel sans le moindre charme, dans un style assez soviétique, lits jumeaux, grands couloirs, odeurs de cigarette, moquette défraichie, meubles en formica. Mais l’ensemble est propre et pas cher, à deux pas de la gare, et trois pas du départ des minibus pour la frontière. Adjugé.

Film d’espionnage des années 60

Nous dînons de brochettes dans un restaurant très moderne, juste à coté. La communication, qui n’était pas facile à Pékin (les pékinois ne parlent pas anglais, mais ont l’habitude d’utiliser des applications de traduction avec les touristes) est quasi impossible ici, mais nous nous débrouillons, grâce au serveur très patient qui nous laisse passer la commande directement sur son smartphone (un peu au bluff, avouons). Encore un très bon repas. Nous avons l’impression d’être les seuls européens de la ville, les gens nous regardent avec surprise. Dépaysant !

Fourbus malgré notre journée à regarder le paysage sans bouger, nous nous couchons et nous levons vers 7h le lendemain pour passer la frontière.

Toute une expédition, cette frontière ! Il faut trouver un minibus (facile, ils sont sur la place principale), attendre qu’il parte, vers midi, s’il est plein), qu’il ait fini ses différents arrêts (pause pipi, boulangerie, échange de passagers avec un collègue…) puis zou, en route pour la frontière.

(le Gobi est célèbre pour ses fossiles de dinosaures)

Le monument principal d’Erlian

Nous passons le contrôle coté chinois. Un peu de stress car l’employé, très anglophone pour le coup, avait plein de questions, notamment sur Minh… Ses traits asiatiques continuent ici aussi d’étonner tout le monde et on lui parle souvent en chinois ! Ceci dit, les gens essayent souvent de nous parler en chinois, avec de grandes phrases. Heureusement qu’ils parlent avec les mains, ça donne souvent une idée du sujet.

Puis nous récupérons notre chauffeur, traversons le no man’s land, passons l’immigration côté mongol sans soucis, retirons de l’argent, récupérons notre chauffeur (bis) et roulons quelques km jusqu’à Zamyn Uud, l’autre ville frontalière. Le tout sous la supervision bienveillante d’un autre passager du minibus, mongol, qui passe la frontière souvent à en juger par la collection de tampons dans son passeport. On aurait dit qu’il faisait passer ses enfants : il nous a donné les cartes de sortie / entrée sur le territoire, indiqué le numéro du véhicule (case mystère !), vérifié que nous étions bien là au départ du minibus… plutôt sympa !

Sortie de Chine

Entrée en Mongolie

Ouf ! il est 15h, nous avons mis quasi toute la journée pour parcourir 13 km !

Une fois à Zamyn Uud, nous achetons notre billet de train pour Ulan Bator le soir même (avec de nouveau l’aide d’un jeune mongol, dont l’anglais assez bon nous permet de savoir quelle catégorie de billet nous achetons), déposons nos bagages à la consigne et faisons connaissance avec la cuisine mongole. Poulet frit pour Minh (le choix de la sécurité), repas complet pour MC : soupe de mouton, ragoût de bœuf ressemblant à un goulash, riz, purée, salade de chou et patate, petit pain à la vapeur. Et verre de lait chaud salé. Oui, salé. Globalement, c’est bon ! Mais nous avons le sentiment d’avoir quitté l’Asie !

Miam ?

Nous tuons le temps en faisant un tour dans Zamyn Uud, qui n’a aucun intérêt et nous nous posons dans la salle d’attente de la gare pour attendre le train.

La place principale de Zamyyn Uud

A 18h05, nous voila partis pour le train de nuit. Pas de clim dans ce train là (alors que nous avions passé la journée emmitouflés dans les couvertures dans le train chinois) et nous cuisons en attendant le coucher du soleil, mais nous profitons du paysage autour du train. Le désert, à perte de vue. Dunes couvertes d’herbe grillée, sable partout, et de temps en temps, un troupeau, une yourte, une marmotte. Nous sommes dans un autre monde. Le coucher de soleil, puis le lever de la lune, nous laissent rêveurs.

Coucher de soleil sur le Gobi

Notre compartiment, très confortable (nous sommes en première), que nous partageons avec deux chinois, est un peu plus étroit que celui du train chinois, mais le train est plus pittoresque. Draps propres, contrôleuse qui apporte du thé, authentique et antique bouilleur au bout du couloir… Nous sommes dans un film des années 20.

Zamyyn-Uud – Ulan Bator

31/05 :

Nous arrivons de grand matin à Ulan Bator, ou UB. Il s’agit d’une ville de taille moyenne, d’1,7 millions d’habitants, dont le centre a une architecture très soviétique et la périphérie est constituée de vaste quartiers de yourtes, témoins de la sédentarisation des nomades chassés par de mauvais hivers, forme mongole de l’exode rural. La ville s’étire en longueur entre deux rangées de collines. Nous nous attendions à plus petit, plus sale et plus malfamé ; en vérité le centre est constitué de grandes avenues, parallèles, un peu moches, et pleines d’un trafic monstre. L’occidentalisation du pays se voit dans les enseignes, la mode, les voitures… Mais au moment où nous arrivons, il fait très beau, un peu chaud, et la ville entière retient son souffle dans la préparation des festivités du lendemain, premier juin, qui est la fête des mères et des enfants, et est l’occasion pour beaucoup d’enfants de se gaver de sucreries et de recevoir des cadeaux. C’est un jour férié et de nombreuses tentes et barnums sont en cours d’édification.

Gare d’UB

Nous nous décidons pour une guesthouse, située à deux pas du State Department Store (un genre de Galeries Lafayette mongoles, que nous avons eu l’occasion de visiter plus tard, où l’on vend de tout, surtout de l’importation). Le monsieur rencontré dans le train nous dépose en voiture dans le coin de notre logement, et nous montons jusqu’à l’appartement occupé par le Legend Hills guesthouse. Le propriétaire n’est pas là, mais les hôtes qui sont déjà là, deux japonais, se montrent très accueillants. Cela fait plusieurs jours qu’ils logent ici, et ils nous affirment que nous pouvons nous installer sans problème. De fait, nous prenons les deux derniers lits superposés, et nous envoyons un texto au propriétaire. Pas de soucis pour lui, nous prenons rdv pour 15h environ afin de se rencontrer. Au final, il nous installera même dans une chambre double à cette occasion.

Après un petit déjeuner mongol (tartines de fromages frais sur pain de seigle) servi par Mori, le plus vieux des deux japonais (qui est en fait originaire de Chine, ou plus précisément de Mongolie intérieure, et se définit comme mongol mais avec la nationalité japonaise) copieusement arrosé de thé, nous prenons la route pour nous trouver une excursion dans le désert de Gobi.

Nous rencontrons Khongor Tours, et Golden Gobi. Oogi, la patronne de Golden Gobi, nous fait bonne impression, et nous propose un tour de 9 nuits dans le Gobi et l’Orkhon, en rejoignant un groupe qui fait un tour plus long, le tout pour 436$ par personne. Bon feeling, plan satisfaisant, conditions remplies (trois repas par jour, eau, logement, activités, guide, essence inclus, bref assez peu de faux frais à prévoir) et bons avis en ligne, nous nous lançons. Nous annulons notre autre tour, qui ne comportait que chauffeur et véhicule, pour 110€/jours.

Après le déjeuner (du mouton, et des patates, et des beignets de mouton pour Minh), suivi de notre rencontre avec notre propriétaire, nous visitons le musée national. De jolies pièces et surtout une exposition intéressante sur l’histoire des différents peuplements en Mongolie, nous passons un moment intéressant. Nous flânons place Gengis Khan, admirons les lumières du couchant et l’édification d’une scène pour le lendemain, puis prenons une bière au sommet d’une des tours adjacentes, qui offre une jolie vue sur les quartiers environnants malgré des vitres poussiéreuses. Les quartiers de yourte semblent effectivement un peu anarchiques, et on ne peine pas à imaginer que les infrastructures publiques y manquent un peu.

Gengis Khan veille

Sukhbaatar, héros de la libération de la Mongolie (renversement du gouvernement Mandchou en 1921)

Peace Avenue et son traffic, l’écrin de collines qui enserre la ville au loin

Nous mangeons (du mouton, en côtelettes cette fois) et dormons.

01/06 :

C’est la journée des enfants, aussi nous faisons une grasse matinée, et une longue balade dans les mêmes coins que la veille, remplis d’enfants et de familles en goguette, ballons, barbapapa, stands de sport, ping pong, basket… Nous assistons aussi à deux numéros du spectacle prévu par la ville, un morceau de musique et un de danse, mélange assez étonnant de musique électronique et de danses traditionnelles.

Fête des enfants

Nous craquons pour une pizza (ou une salade) dans un très bon restaurant italien, et faisons quelques courses histoire d’avoir des snacks dans le Gobi.

Le soir, nous faisons le marché avec nos deux japonais, et Mori, qui est en fait chef cuistot, nous prépare deux succulents plats de mouton (au caramel, et un ragout). Puis une soupe. Plus faim. Nous nous couchons repus. Demain, découverte du désert de Gobi !

Beatles (recto)

Beatles (verso). Ce monument, assez émouvant, célèbre l’époque pendant laquelle les jeunes mongols, prisonniers du rideau de fer, apprenaient sur le tas des tubes occidentaux achetés sous le manteau.

Catégories : Récit du voyage

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